Bananes et raisins

Lors de son escale au Musée Ariana, de fin mai 2008 à fin janvier 2009, Marcoville avait fait pousser dans les sous-sols de l’institution une improbable forêt de verre bigarrée. Il y avait aussi installé ses «tribus» colorées et bavardes: fières Négresses, diaphanes Geishas, aguichantes Nanas, et même une troupe de manchots qui regardaient passer un énorme banc de poissons suspendu dans le vide

Les morceaux de verre sont réassemblés en forme de régimes de bananes (blanc, bleu, rouge et jaune) et de grappes de raisins et de feuilles. Les éléments de la partie supérieure sont maintenus entre eux par des fils de fer, puis l’ensemble est posé sur la coupe en fonte. Le récipient  prend la forme d’un vase de type dit Médicis. Ces coupes monumentales sont des antiquités courantes et on les trouve en fonte, en pierre ou en terre cuite. Le verre est ici un "objet trouvé" comme un autre.

Marcoville empoigne la matière sans état d'âme et sans le moindre désir de sacralisation. Déchets de verre industriel découpés, gravés, chargés de rouille ou fardés de couleurs fluorescentes, des installations qui, parfois, touchent à la démesure. Quand l'artiste, inlassablement et des mois durant, enchaîne dix mille fois les mêmes gestes pour découper dix mille maquereaux de verre. Ou quand il réduit son verre en une myriade de morceaux, pour les coller ensemble et les empiler jusqu'à former des arbres exotiques qui s'élèveront à trois mètres du sol et pèseront bien quatre cents kilogrammes.