La Première citoyenne de Genève

L’artiste japonais, Noritoshi Hirakawa, travaille aujourd’hui avec plusieurs mediums parmi lesquels la photographie, le film, l’installation et la performance. Il a commencé par étudier la psychologie appliquée avant de se tourner vers une démarche artistique qui prend comme sujet l’inconscient collectif ainsi que les limites de nos systèmes culturels générés par l’activité humaine.

À l’occasion d’une exposition dans une galerie genevoise en 1994, il publie une annonce dans le but de recruter une jeune fille qui serait volontaire pour voyager avec lui en Grèce. Le contrat passé avec sa nouvelle compagne de route l’autorise à documenter photographiquement cette rencontre et à exposer les tirages réalisés par la suite. Il produit l’œuvre vidéo "La première citoyenne de Genève" deux ans plus tard. Hirakawa passe ici de la photographie à la courte séquence filmée dans le but de révéler un peu plus de cette rencontre, et de laisser aux spectateurs-trices un temps de projection personnel.

La rencontre provoquée avec cette nouvelle femme dans le centre-ville de Genève l’intéresse plus que l’objet qui en découle. Elle se tient devant la caméra avec son chien en laisse comme si on lui avait demandé de poser. En omettant volontairement de donner des informations autres que le nom et le prénom de cette personne, l’artiste soulève des questions autour de la réception d’une image, laissant planer une ambiguïté latente en prolongeant ce temps de visualisation.

La jeune Sandra est-elle objectivée le temps d’une capture ? Quel est le type de relation instauré par l’artiste dans ce rapport homme-femme ? Est-ce qu’une transaction financière a eu lieu entre les deux ? Les œuvres produites à l’issue de ses rencontres ne répondent pas à ces questions, elles se retrouvent dans la sphère de l’exposition et dans celle de la commercialisation.