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Objet

Armure et chapel de siège

Dépourvue d’éléments protégeant les avant-bras afin de ne pas entraver les mouvements et complétée d’un chapel, cette armure est rattachée au pétardier Picot, personnage clé de l’Escalade. Celui-ci, chargé de faire sauter la porte Neuve pour ouvrir la voie au gros des troupes savoyardes laissé en attente à Plainpalais, périt d’un coup d’arquebuse ou de mousquet.

Cette armure est composée d'un colletin à lame unique, d'un plastron à arête médiane finissant en petite pointe saillante, d'une dossière et de très fortes épaulières symétriques, constituées de sept lames articulées protégeant aussi les arrière-bras. Le plastron conserve, sur son rebord inférieur gauche, un piton à épaulement pivotant et un piton perforé destinés à recevoir, respectivement, l'oeillet à queue et le crochet d'une tassette ou d'un cuissard. Des courroies de cuir maintiennent les épaulières. Une ceinture, elle aussi en cuir, est rivetée à la dossière pour l'assujettir au plastron. Ce corps d'armes massif, qui sort de l'ordinaire par son poids de plus de 18 kilos et son épaisseur de 5 à 6 millimètres, pouvant atteindre de 9 à 10 mm aux épaulières, était dépourvu de cubitières, d'avant-bras et de gantelets, afin de faciliter le mouvement des bras et la précision des gestes de la main. D'un poids de plus de 11 kilos, le chapel porte, sur la partie avant gauche du timbre (calotte), la trace de trois impacts de projectiles. Le plus impressionnant est parvenu à enfoncer le métal sur près d’un demi centimètre. Il ne s’agit pas, comme on serait tenté de le croire, de la trace du coup qui tua l’artificier savoyard. C’est une marque d’épreuve, c’est-à-dire l’empreinte d’un projectile tiré de façon intentionnelle pour contrôler la résistance de la pièce.

L'office de pétardier, très exposé, était dangereux. C'est pourquoi ces artificiers spécialisés ne manquaient pas d'éprouver systématiquement la résistance tant de leur casque et que de leur armure: le casque attribué à Picot porte précisément une telle marque d'épreuve, sous la forme d'un creux large et profond sur la partie avant gauche du timbre (ce n'est donc pas, comme on pourrait le croire, le point d'impact du projectile qui l'a tué). Selon la "tradition", cet armement lourd aurait été porté lors de l'Escalade de 1602 par le pétardier Picot, celui qui tenta, à l'aide de son puissant explosif, de faire sauter la porte Neuve, seul accès à la ville par le sud, dans l'intention d'ouvrir la voie aux troupes savoyardes laissées en réserve à Plainpalais. Il périt lors de la contre-attaque genevoise, d'un coup d'arquebuse ou de mousquet. Un témoignage crédible précise qu'il fut touché à la tête, ce qui paraît sous-entendre qu'il s'était débarrassé de son casque encombrant pour prendre la fuite. La facture des différentes pièces de l'armure dite de "Picot" n'est pas homogène, preuve supplémentaire d'un assemblage "historiciste" tardif. Le colletin a une encolure en bourrelet torsadé et un pourtour extérieur légèrement surélevé; ses rivets sont en fer à calotte en laiton. Le plastron et la dossière vont ensemble; l'encolure et l'échancrure des aisselles sont ici en bourrelet lisse et accompagnées d'un filet gravé simulant une bande. Ce filet se retrouve soulignant le rebord de ceinture des deux pièces. Les épaulières, plus massives que le plastron et la dossière, sont travaillées de manière fruste, et les frappes du martelage sont nettement visibles tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des pièces; le bord externe de la première et de la dernière lame est en bourrelet lisse et les rivets en fer. Toutes les pièces sont brunies dans un ton bleu-noir et peintes en noir à l'extérieur, quelques coulures étant visibles à l'intérieur.

Informations complémentaires

Type: Objet

Matériaux: Acier, Peinture,

Date: vers 1602

Origine: Italie

Lieu d'origine:

Nord de l'Italie

Description de la ressource:

Acier bruni, peinture noire, cuir

Format: Poids armure 18 kg ; poids chapel 11 kg

Numéro d'inventaire: E 30 et C 236

Droits de reproduction: Fonds de l'ancien Arsenal de genève, remis par la République et Canton de Genève, 1870

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Thème

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L'Escalade

« Pour chanter les exploits - Des vaillants Genevois - Du temps de l’Escalade », les institutions dévoilent des pans de l’histoire de Genève.

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