Ce bloc inscrit, surmonté d’une large corniche, servait de socle à une statue. L’inscription permet de savoir qui a offert cette statue (dédicant) et à qui (dédicataire). Ici, ce sont les nautes du lac Léman qui la dédient au quattuorvir Quintus Decius Alpinus.
Q(uinto) DECIO ALPINO
A Quintus Decius Alpinus,
IIIIVIR(o)
quattuorvir,
NAVTAE LACVS
les nautes du lac
LEMANNI
Léman
Les nautes du lac Léman étaient une association professionnelle de marins spécialisés dans le transport par voie lacustre. Le détail de leur activité demeure mal connu, mais on sait que leur siège se trouvait à Lausanne, et qu'ils possédaient un bureau à Genève. Une fois déchargées, les marchandises étaient peut-être confiées à une autre association de transporteurs, les ratiarii superiores.
Le dédicataire de ce monument, Quintus Decius Alpinus, était citoyen romain. C’était un homme en vue à Vienne (Isère), dont Genève dépendait administrativement. Il avait en effet atteint le sommet de la carrière municipale en devenant membre du collège de quatre magistrats qui dirigeaient la cité. Ce collège n’ayant existé qu’entre Auguste et Caligula, l’inscription date nécessairement de cette période. Decius était peut-être apparenté à une famille d’origine gauloise, les Decii. Son cognomen, Alpinus, dérivant d’Alpes ‒ mot gaulois qui signifierait montagne ‒, est surtout attesté dans les régions alpines.
Un récent nettoyage de la pierre a permis de faire apparaître deux particularités : des traces de réglure, qui servaient à la mise en page du texte, et un apex sur le u de lacus. Ce signe ressemblant à un accent aigu permettait d’indiquer une voyelle longue (ce qui est le cas de lacus ici au génitif singulier).
Type: Sculpture
Matériaux: Pierre
Date: Vers 40 av. JC
Collecteur(s): Louis Blondel
Origine: Suisse
Description de la ressource:
Calcaire sculpté et gravé
Format: Haut. 112 cm ; Larg. 71 cm ; Prof. 62 cm ; Poids 1350kg
Numéro d'inventaire: EPI 728
Droits d'auteur: remis par Louis Blondel, archéologue, en 1925
« Vers Genève, l’horizon imitait l’océan », écrivait Victor Hugo. Et en effet, le paysage grandiose qu’offre le Léman a de tous temps fasciné celles et ceux qui longent ses rives ou qui parcourent ses flots.