Le Loup

Depuis la nuit des temps l’Homme et le Loup se sont côtoyés dans les mêmes habitats, chassant souvent les mêmes proies. Nos ancêtres ont dû se défendre contre ces concurrents directs, non seulement vis-à-vis de ressources communes, mais certainement aussi pour leur propre sécurité. Cette rivalité ancestrale avec les Loups, mêlée à de la fascination pour ce prédateur intelligent, a façonné une peur atavique qui perdure jusqu’à nos jours. 
Le type de montage que les taxidermistes ont choisi pour naturaliser ces deux Loups marque ainsi les différentes perceptions que l’on a de ce grand prédateur : dans le montage pattes écartées du Loup originaire d’Alaska (USA), les taxidermistes ont voulu faire ressortir la sauvagerie au moment de l’attaque d’une proie (un cerf se défendant avec ses bois lui faisait face dans le montage original), tandis le Loup originaire de Roumanie (issu du zoo de Servion), taxidermisé plus récemment par l’artiste genevois Yvan Larsen, a été préparé dans une position qui reflète plutôt le caractère habituellement calme de l’animal dans la nature. Dans le premier cas, le public ne manque pas d’interpréter l’attitude, agressive et babines retroussées, comme celle d’un animal méchant, voire terrifiant. Dans le deuxième cas, l’observateur verra sans doute l’aspect paisible et intelligent du prédateur, proche du chien (ce qui est exact !), et laissera plus volontiers de côté son à-priori négatif. La manière de représenter les animaux et la mise en scène destinée au public peuvent donc contribuer à faire perdurer, ou au contraire, à casser les peurs que nous leur associons.