Coupe sur pied

Juliette Matthey-de-l’Etang (1882-1967) est membre de l’Association de l’Oeuvre qui a joué un rôle important dans le renouveau des arts appliqués. Fondée à Yverdon en 1913, elle favorise les collaborations entre l’art et l’industrie. Dès 1920, l’artiste dessine des verres qui seront soufflés en Bohême, qu’elle décore ensuite à l’émail, avant de les recuire. Elle orne ses verres de motifs archaïsants, naïfs ou géométriques, fortement inspirés de l’Art Déco.

À cette époque, plusieurs artistes interviennent directement dans des manufactures comme, notamment, Paul-Ami Bonifas à la Verrerie de Saint-Prex. Cependant, les différentes crises économiques de l’entre-deux-guerres et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale vont mettre un terme à ces tentatives d’innovation de l’art verrier. Il faudra attendre la seconde moitié du 20e siècle pour que le verre assume réellement son nouveau statut d’œuvre d’art.

Le musée Ariana possède un corpus de 25 pièces de l’artiste, parmi lesquelles une faïence tournée au décor gravé, plusieurs pièces de verre acquises du vivant de l’artiste entre 1922 et 1928, et un ensemble provenant de la collection Juan A. Canonica.

Cette coupe sur pied en verre soufflé incolore est décorée à l’émail noir et à l’or. La forme pure et élégante de cette pièce est en opposition avec son décor accumulatif, représentant une scène de pêche. Des poissons stylisés aux lignes graphiques sont emprisonnés dans un filet. Le dessin se superpose part la transparence du verre, accentuant ainsi le chaos et l’agitation de la scène.