Cet autel japonais provient, de par sa richesse décorative et sa taille, d’une famille importante. Il abrite les statues de la Triade du Bouddha Amida telle qu’elle apparaît aux mourants qui ont invoqué son nom. Le diplomate genevois Edmond Rochette fit l’acquisition de cet autel à Kyôto.
La taille de cet autel et la richesse de sa décoration indiquent qu’il provient d’une famille importante. De fait, ses portes sont ornées du badge héraldique dit "revers de chrysanthème à seize pétales" (jūroku uragiku 十六裏菊), appartenant à un prince du sang, peut-être de la famille Arisugawa 有栖川.
Son aspect est celui du palais (kuden 宮殿) d’un bouddha trônant dans sa "terre pure".
L’intérieur abrite les statues de la Triade du Bouddha Amida telle qu’elle apparaît aux mourants qui ont invoqué son nom.
Au centre, le Bouddha Amida (Amida Butsu 阿彌陀佛), assis en méditation, est entouré de ses deux assistants principaux : sur sa gauche, le bodhisattva de la compassion Avalokitasvara (Kannon 觀音) tendant un lotus en guise de siège pour le mourant, sur le point de rejoindre la Terre pure avec cette triade; sur la droite du bouddha, le bodhisattva Mahāsthāmaprāpta (Daiseishi 大勢至), symbole de son pouvoir libérateur, qui fait le geste de la salutation, paume contre paume. Devant elles, se trouve la place destinée à recevoir les ustensiles des trois offrandes traditionnelles : un vase à fleurs, un brûle-parfum et un chandelier.
Le diplomate genevois Edmond Rochette (1865-1941) fit l’acquisition de cet autel à Kyôto, dans les années suivant la persécution du gouvernement japonais contre le bouddhisme. Il indique, dans ses notes, que le déménagement de cette pièce importante dut se faire de nuit en raison de l’opposition des habitants du quartier.
Rochette, Edmond. 1893. Lettres du Japon. Genève
Ville de passage à la croisée des routes entre le Nord et le Sud de l’Europe, ville d’opportunités commerciales, lieu d’émulation du savoir : Genève a attiré les voyageurs autant qu’elle a fait naître chez nombre de ses habitant-e-s le goût de l’exploration. Ces deux mouvements, concentrique et excentrique, ont contribué à enrichir les collections patrimoniales genevoises.