Les lichens sont des bio-indicateurs de la pollution de l’air. Le Caloplaca des murs nous fait prendre conscience de la forte pollution azotée actuelle. Elle met en grand danger la biodiversité végétale, notamment celle adaptée à des habitats pauvres en matières nutritives (tourbières, prairies de montagnes, etc.).
La plupart des lichens à la couleur jaune orangée ont la particularité d’aimer les endroits et supports riches en matières nutritives, principalement en azote. Notre environnement et plus particulièrement notre air est, hélas, de plus en plus chargé en matières azotées (oxydes d’azote, ammoniac, protoxyde d’azote et nitrates).
Alors que dans les années 70-80 la pollution était principalement acide (oxyde de soufre), elle est de nos jour azotée, avec en moyenne des dépôts atmosphériques de 19 kg/hectare/an. Ces charges d’azote proviennent essentiellement de l’élevage du bétail et des processus de combustion. En comparaison, les dépôts atmosphériques naturels d’azote biologiquement actif ne s’élèvent qu’à 0,5 kg/hectare/an.
En conséquence, notre flore lichénique s’adapte et a passé, en quelque 40 ans, du gris-bleu (couleur caractéristique des espèces adaptées à la pollution acide) au jaune orangé, couleur caractéristique des espèces appréciant l’azote.
Engraissés par cet apport aérien en matières nutritives, les arbres de nos campagnes tournent au jaune. Ils sont en effet couverts de lichens jaunes appartenant à la même famille que notre petit Caloplaca des murs qui, lui, profite de cet apport d’engrais azotés pour se répandre sur les murs du canton de Genève.
Oïhénart, M. (2016-18). Les lichens et les bryophytes des vieux murs de pierre du canton de Genève: Etude floristique et écologique. Travail de master à la Faculté des sciences de l'Université de Genève.