Engager un potentiel partenaire à partir d'une pièce de tissu, c'est tout l'intérêt de ce costume de fête bulgare en lin brodé du début du 20e siècle. La jeune femme ainsi vêtue peut en effet laisser tomber le mouchoir coordonné, afin d'ouvrir la discussion avec celui qui le ramasse.
On parle dès lors du mouchoir comme une "engageante", terme qui sera d'ailleurs associé à une femme peu farouche dans la langue française.
Ces habits ont fait partie d’un costume de fête composé de plusieurs éléments, notamment des tabliers et une ceinture, indispensables pour couvrir les soutanes et marquer la taille. Lors des fêtes, la jeune femme pouvait utiliser le mouchoir assorti comme une engageante pour flirter de manière informelle avec ses prétendants.
Rehaussée par d’autres accessoires, cette même base pouvait se porter à la noce. La coutume voulait que, la première année de mariage, l’épouse garde sur elle au moins une partie de sa tenue. Le petit mouchoir coordonné à la tenue de fête est un petit accessoire d’une grande importance.
Grâce à lui, la jeune femme pouvait entamer la conversation avec le partenaire de son choix sans dévoiler ostensiblement ses sentiments ou sa curiosité. Il suffisait de faire tomber le tissu au bon endroit, avec une négligence étudiée. D’ailleurs, on appelait ce mouchoir "une engageante".
Quand l’art et la nature révèlent l’amour et le désir, naît un jeu de séduction entre les créations et celles et ceux qui les regardent. Une parade amoureuse qui se raconte au cœur de Genève.