Le Genevois, Jean-Gabriel Eynard, est l'un des pionniers de la photographie en Suisse. Dès les années 1840, Il réalise des expériences daguerriennes. Il compose des scènes de tout genre qu'il photographie. Pour cela, il va utiliser tous les membres de sa famille et de son entourage, dont les enfants.
Le riche financier, diplomate et philanthrope Genevois Jean-Gabriel Eynard (1775-1863) est l’un des premiers à Genève et en Suisse à s'intéresser à la photographie. Il pratique cet art en amateur dès le début des années 1840 et réalise des expériences daguerriennes. Un daguerréotype est un procédé qui permet de fixer l'image sur une plaque métallique.
La plupart des daguerréotypes le montrent avec sa femme, sa famille intime et élargie, ses domestiques, ses relations et ses nombreuses propriétés. Plus de 22 daguerréotypes représentent des groupes d’enfants, dont cette vue prise dans sa propriété de Beaulieu, près de Rolle.
Pour obtenir cette image, Jean-Gabriel Eynard a dû faire poser longuement les enfants dans une scénographie montée de toutes pièces. On y voit une charrette et une toile peinte dans le fond avec le lac Léman et le Grammont. Bien que les perfectionnements apportés au daguerréotype permettent de réduire rapidement les temps de pose de quelques minutes à quelques secondes comme c’est le cas pour ce daguerréotype, on peut observer que, pour certains enfants, la pose aura tout de même été trop longue pour qu'ils restent totalement immobiles.
Cette vue nous apporte un témoignage précieux sur la mode vestimentaire des enfants de la classe aisée de la première moitié du 19e siècle. Les filles et les garçons jusqu’à l’âge de 5 ou 6 ans sont à peu de chose près habillés de la même manière : ils portent une robe avec un petit pantalon de lingerie, comme c’est le cas pour le petit garçon assis à l’avant de la charrette. Les deux garçons plus âgés, à gauche, sont vêtus de pantalons et de tuniques. Les deux filles à l’arrière, également plus âgées, portent des robes proches de celles des adultes.
Ce daguerréotype non daté a été pris entre 1845 et 1847, si l'on se fie à l'âge des enfants représentés. Dans ce groupe, on reconnaît en effet les petits-enfants du couple Eynard, Gabriel, Hilda et Féodor Eynard, ainsi que Marie et Henri de Regny, petite-nièce et petit-neveu d’Anna Eynard. La présence probable des trois filles Fuzier-Cayla reste à confirmer, tandis que la fillette qui se trouve en septième position depuis la gauche n’a pu être identifiée. Il s'agit de l'un des rares groupes pris par Eynard où ne figure aucun adulte, ce qui a constitué certainement une difficulté supplémentaire. Les enfants posent devant une toile peinte placée contre la façade latérale de la maison de maître de Beaulieu. La végétation peinte se mêle habilement à celle, réelle, des plantes qui grimpent le long des piliers de la galerie. La présence de la voiture d’enfant, dans laquelle sont assis Pauline Fuzier-Cayla, si l'identification est correcte, Marie de Regny et son frère Henri anime la scène tout en suggérant qu'ils sont en train de jouer plutôt que de poser devant un objectif.
Ces images témoignent également d'une tendance qui va se développer tout au long du 19e siècle, soit le rôle croissant du noyau familial et de l'attachement pour les enfants, qui sont enfin rendus visibles.
Type: Photographie
Matériaux: Métal
Date: non daté, probablement 1845-1847
Editeur(s): Alexis Gaudin (fabricant)
Origine: Suisse
Lieu d'origine:
Beaulieu, Gilly
Description de la ressource:
Ancienne possession Hélène Diodati-Le Fort
Format: "Daguerréotype 1/2 plaque, redressé, rehaussé en couleurs; fenêtre rectangulaire aux angles arrondis Fenêtre: 171 x 214 mm; montage: 110 x 148 mm"
Numéro d'inventaire: CIG DE 060
Nicolas Schaetti « Les débuts de la photographie à Genève : Jean-Gabriel Eynard daguerréotypiste », blog du Musées d'art et d'histoire de Genève, 28 juin 2016 (http://blog.mahgeneve.ch/les-debuts-de-la-photographie-a-geneve/)
Catherine Santschi. J.-G. Eynard : au temps du daguerréotype, Genève 1840-1860. Neuchâtel, Ides & Calendes, coll. Photoarchives 4, 1996
Genève, ville où l’on pense l’enfant est certainement un slogan adéquat lorsque l’on observe le nombre de pédagogues et d’institutions engagés en faveur de l’éducation. À commencer par Jean-Jacques Rousseau.