Ce véritable « portrait » du Mont Blanc a été décrit par De la Rive lui-même comme un « tableau difficile et qui renverse toutes les règles, en ce que l’objet le plus éloigné se trouve le plus grand et le plus apparent, tandis que tous les seconds plans et les devants sont entièrement dans l’ombre. Cette toile marque une étape importante dans l’appropriation progressive de la montagne par les peintres genevois, et plus particulièrement de la haute montagne comme objet possible de représentation. De la Rive donne ainsi la réplique artistique à son maître Horace Bénédict de Saussure, géologue et naturaliste, qui consacra sa vie à l’étude des Alpes et en particulier au massif du Mont Blanc.
Si cette vue nous semble aujourd’hui banale, tel n’est pas le cas en 1802 lorsque De La Rive s’attaque à son sujet. C’est même l’aboutissement d’un examen patient du Mont Blanc, entrepris lors de courses dans la vallée de l’Arve dès la fin des années 1780. Bien que déjà souvent représenté le Mont Blanc n’occupe pas encore cette place de protagoniste que le peintre lui attribue dans son œuvre qu’il trouve lui-même «imposant, bizarre, triste, et très difficile». Mais le tableau rencontre un succès rapide et, dans son sillon, nombre de peintres vont désormais faire le choix de peindre le Mont Blanc depuis la rive droite du Léman. D’autres en revanche tenteront de renouveler le thème en posant leurs chevalets dans les Alpes valaisannes, ou sur le sommet du Brévent à Chamonix. Le Mont Blanc devient ainsi sculpture qu’il s’agit de fixer sur la toile de tous côtés pour en saisir son impressionnante totalité
Type: Tableau
Matériaux: Huile sur toile
Date: 1802
Période: Période moderne XIXe siècle et période contemporaine
Origine: Suisse
Format: dimensions (haut. x larg.): 129 x 169 cm
Numéro d'inventaire: 1969-0022
Lien: Consulter l'objet sur le site de l'institution
Droits d'auteur: Musée d’art et d’histoire de Genève, photo : Y. Siza
Marin Jean-Yves (dir.), MAH : les collections du Musée d'art et d'histoire de Genève, Genève, Musée d'art et d'histoire, 2019, p. 164
Montagne maudite, nommée ainsi jusqu’au 18ème siècle à cause de ses neiges éternelles, ce sont ces dernières que l’on voit briller depuis Genève. La ville était la porte d’entrée vers les glaciers de Chamonix pour les adeptes du Grand Tour. En effet, le Mont-Blanc a connu son heure de gloire seulement à partir des premières ascensions de son sommet.