Marguerite Lobsiger-Dellenbach, entre au Musée d'ethnographie de Genève en 1922 et y entreprend une carrière scientifique. Docteur en 1935, privat-docent en 1941, elle est l'assistante d'Eugène Pittard, puis sous-directrice, avant de reprendre la direction du MEG de 1952 à 1967. Elle est parallèlement chargée de mission pour le Musée et ses recherches la mènent à s'intéresser à d'autres continents (Afrique, Asie, Océanie).
Marguerite Dellenbach, ou Lobsiger-Dellenbach (1905-1993) est une ethnologue genevoise, dont le parcours est marqué par une forte ascension sociale. Après avoir perdu son père à l’âge de onze ans, elle suit une formation de chapelière et exerce cette activité pour venir en aide à sa mère. Dans ce but, elle travaille aussi comme sténodactylo dans un bureau d’avocats.
En 1922, Marguerite Dellenbach devient secrétaire pour le Musée ethnographique de Genève (MEG), qui est dirigé par l’anthropologue Eugène Pittard. Ses tâches, faiblement rémunérées, relèvent alors de l’administration générale. Au fil des années, elle acquiert des compétences en ethnographie et en anthropologie et s’impose rapidement comme une véritable collaboratrice. Elle suit notamment les cours d’anthropologie générale à l’Université de Genève et passe son certificat d’études. Face à la qualité de ses services, son supérieur soutient en 1930 l’augmentation de son traitement à 1500 francs suisses par an (au lieu de 1200 francs). Une année plus tard, elle change de statut et devient assistante du musée.
Marguerite Dellenbach est dès lors pressentie pour assurer la direction du MEG en cas de mise en retraite ou de décès d’Eugène Pittard. Dès les années 1929-1931, ce dernier envisage de placer à sa tête celle qu’il définira en 1947 comme une « émanation de [lui-même] ». N’ayant pas les compétences universitaires requises pour ce poste, Marguerite Dellenbach soutient en 1935 une thèse à l’Université de Grenoble sous la direction de Raoul Blanchard, qui porte sur l’étude de la civilisation paléolithique dans le massif alpin : La conquête du massif alpin et ses abords par les populations préhistoriques. En juin 1951, elle est finalement nommée directrice du Musée ethnographique et exerce ce rôle jusqu’en 1967.
Dans le cadre de ses différentes fonctions, Dell – pseudonyme que lui ont donné ses collègues du musée - organise la première expédition de l’institution au Sahara en 1948, en collaboration avec Jean Gabus, conservateur au Musée ethnographique de Neuchâtel. Elle conduit également plusieurs enquêtes de terrain à l’étranger : en Afrique occidentale, en Kabylie, en Chine, au Proche-Orient, en France et au Népal, où elle est l’ethnologue de la mission scientifique genevoise pour l’expédition suisse de 1952. Sous sa direction, le musée acquiert des poteries domestiques en provenance du monde entier et organise plusieurs expositions temporaires comme celles sur « les armes d’Afrique » en 1952 ou sur « le mobilier de repos et de parade » en 1965. Quant à ses publications, elles portent aussi bien sur les estampes japonaises d’Hiroshige que sur les bambous de Nouvelle-Calédonie, pour lesquels elle collabore avec son mari l’ethnologue Georges Lobsiger durant plusieurs années. Il est néanmoins à noter que ses textes sont parfois marqués par les idées ethnocentriques du début du XXe siècle.
Au cours de sa carrière, Marguerite Dellenbach réussit à prendre sa place dans un monde scientifique masculin. Entre 1941 et 1965, elle enseigne en tant que privat-docente à l’Université de Genève, autrement dit, sans traitement. En 1944, elle devient la première femme suisse à présider une société savante, celle de Géographie de Genève, et prend par la suite la présidence de plusieurs autres sociétés, dont la Société suisse d’anthropologie et la Société suisse des américanistes. Elle participe à plusieurs congrès internationaux, notamment à celui d’anthropologie et d’archéologie préhistorique de Bucarest en 1937, et y présente plusieurs communications. Enfin, ses travaux sont récompensés par diverses distinctions, dont la médaille française de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.
Une exposition organisée au MEG rend hommage à une partie de ses recherches : Bambous kanak. Une passion de Marguerite Lobsiger-Dellenbach. Elle se tient à Genève du 29 février 2008 au 4 janvier 2009.
Type: Photographie
Matériaux: Argentique
Date: 1905-1993
Collecteur(s): Musée d'ethnographie de Genève
Contributeur(s): Archives Ville de Genève
Période: 20e siècle
Origine: Suisse
Description de la ressource:
Photographie noir-blanc
Numéro d'inventaire: 350.A.1.1.1.4/27
Page du site web 100 Elles consacrée à Marguerite Dellenbach : https://100elles.ch/biographies/marguerite-dellenbach/
A travers des pièces évocatrices des collections, Mirabilia contribue à rendre visible les Genevoises qui ont marqué l’histoire par le biais de l’art, de la science ou de la politique et à donner une place à celles qui sont restées invisibles.