Les planches de Christine Jurine sont un exemple rare et remarquable de travail scientifique réalisé par une femme au 19e siècle.
Christine Jurine (1776-1812), fille du chirurgien et naturaliste Louis Jurine (1751-1819), ne fut pas seulement la collaboratrice de son père, elle mena une carrière originale entre art et science. Dans l’ouvrage "Muséum Genève : deux cents ans d’histoire naturelle", Emmanuel Haymann raconte :
"En 1803, Christine Jurine fut reçue à la Société des naturalistes genevois… mais seulement comme invitée ! Impensable de voir une femme siéger dans cette assemblée d’hommes sérieux. Pourtant, dans le petit monde scientifique genevois du XIXe siècle, Christine Jurine fut une des rares femmes à s’imposer. D’abord, elle dessina, à l’aide d’un microscope, des planches d’une beauté et d’une précision exceptionnelles, illustrant de manière scientifiquement précise et artistiquement séduisante phalènes (des lépidoptères), chirocéphales (des crustacés) et hyménoptères. Par ailleurs, observatrice attentive du monde des insectes, elle parvint à démontrer que l’abeille ouvrière possède un organe propre à la sécrétion de cire, et que son appareil reproducteur comporte une paire d’ovaires "un peu oblitérés mais absolument semblables à ceux de la reine"… Elle n’eut pas le temps de faire d’autres découvertes, elle mourut en 1812, âgée à peine de trente-six ans. "
Cette planche de Christine Jurine est tirée de l’ouvrage de son père Louis "Nouvelle méthode de classer les hyménoptères et les diptères", paru en 1807.
Jurine, L. & Jurine C. (1807): Nouvelle méthode de classer les hyménoptères et les diptères par L. Jurine : dessins originaux des planches VI-XIV ; [suivi de] Dessins inédits d'hyménoptères. Éditeur non identifié.
A travers des pièces évocatrices des collections, Mirabilia contribue à rendre visible les Genevoises qui ont marqué l’histoire par le biais de l’art, de la science ou de la politique et à donner une place à celles qui sont restées invisibles.