Il y a des murs qui se cachent, d’autres qui cachent, comme par pudeur, une œuvre d’art : celui de l’Ecole Hugo-de-Senger accueille un jeu visuel de signalétique conçue par Ulrike Gruber, prenant parti des contraintes du site (ascenseur extérieur et escalier de secours en caillebotis).
Les murs aveugles sont souvent l’un des pires alibis de l'art public. L'illusion et les trompe-l'oeil colorés y fleurissent comme si la peinture devait servir de cache-misère à la médiocrité architecturale ou urbaine.
De toute évidence, l'intervention d'Ulrike Gruber sur le mur pignon de l'école primaire de la rue Hugo-de-Senger n'obéit pas à de tels critères. Le gris, couleur abhorrée de l'univers urbain, n'a par exemple pas été éliminé. Choisi en concertation avec les architectes, il a, au contraire, fait l'objet d'un soin particulier : s'il renvoie à celui du bâtiment existant, il en évite cependant la tonalité jaunâtre. Sa neutralité est revendiquée comme une qualité plastique propre.
Les pictogrammes participent également de cet environnement quotidien aussi invisible que décrié. Comme pour le gris, l'artiste allemande a choisi de travailler ici dans le sens d'une discrétion fonctionnelle qui privilégie la qualité du détail au tape à l'oeil.
Empruntés au graphiste allemand Otl Aicher qui les conçut pour les Jeux Olympiques de Munich en 1972, ces pictogrammes sont projetés sur le mur pignon. Ils permettent à l'artiste d'établir un lien avec l'usage qui est fait de cet espace (entreposage des containers-poubelles), ou à jouer avec d'autres réalités plus ou moins inaccessibles : "Alt.Restaurant 385,45" rappelle qu'un restaurant scolaire est installé dans le bâtiment, et le signe utilisé en cartographie pour signaler un panorama suggère que cet escalier de secours peut ouvrir sur un autre horizon.
De la réalité la plus prosaïque au regard imaginaire, la réalisation d'Ulrike Gruber amène le passant ou l'usager des locaux à s'interroger sur les conditions d'un environnement de qualité.
En jouant sur les signes qui parsèment cet environnement, elle fait ressortir le caractère tout à la fois fonctionnel et énigmatique. L'architecture et la ville retrouvent alors dans leur rationalité même les signes de la dérive, de cette rêverie éveillée propre au monde de l'asphalte qu'est la flânerie.
Type: Architecture
Matériaux: Peinture acrylique
Date: 2001
Période: Période contemporaine
Origine: Suisse
Lieu d'origine:
Genève, Rue Rodo 3, Ecole Hugo-de-Senger
Description de la ressource:
Peinture acrylique, microbilles de verre, vernis de protection acrylique transparent et brillant
Format: 1640 x 1270 cm (hors tout)
Numéro d'inventaire: 2001-092
Lien: Consulter l'objet sur le site de l'institution
Droits d'auteur: Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)