Cette sculpture est une transposition en porcelaine du projet de Jacques Argand, illustrant le traité sur l’éducation "L’Education d’Emile" de Jean-Jacques Rousseau.
Le maître s’appuie sur un médaillon brisé montrant un enfant battu. Il libère l’enfant de son joug et l’assiste avec bienveillance dans la construction de sa luge.
Lorsqu’il paraît en 1762 sous le titre « Emile ou De l’éducation », le traité d’éducation de Jean-Jacques Rousseau suscite la polémique. Rousseau, en rupture complète avec les principes éducatifs de son temps, préconise une éducation qui consiste non pas à enseigner par la force mais à susciter le désir d’apprendre, afin de pousser l’enfant, un individu à part entière, à s’épanouir en toute liberté, selon sa nature, à l’écart des contraintes sociales.
C’est ce message qu’a souhaité transmettre le sculpteur Jacques Argand (1733-1783) lorsqu’il projette d’immortaliser l’admiration qu’il porte à Jean-Jacques Rousseau avec un groupe sculpté à son effigie. L’écrivain prend la place du précepteur guidant l’enfant sans le contraindre, dans un groupe sculpté grandeur nature.
Aujourd’hui disparu, le monument est connu grâce à des gravures. Le modeleur Hess a également reproduit le monument en 1786-1787 en transformant légèrement le modèle. C’est probablement sur cette dernière version, également disparue, que se fonde la fabrique lorraine de Niderviller pour son modèle réduit en biscuit de porcelaine. La sculpture de Niderviller reprend fidèlement tous les éléments du modèle : l’enfant guidé dans sa construction par des liens souples, le médaillon brisé dénonçant les méthodes éducatives brutales des Jésuites et le bas-relief l’Opinion sur le socle.
Le biscuit de porcelaine (porcelaine non émaillée) évoque la blancheur et le grain du marbre, mis en valeur par l’émail bleu du socle et les rehauts d’or ; il permet la reproduction en série du modèle.
Type: Sculpture
Matériaux: Porcelaine, Or
Date: 1780-1793
Contributeur(s): Stanislas Anthonioz, Isabelle Naef Galuba, Ana Quintero Pérez, Hélène de Ryckel, Anne-Claire Schumacher, Stéphanie Weinberger
Origine: France
Lieu d'origine:
Niderviller, Lorraine
Description de la ressource:
Biscuit de porcelaine moulé en ronde bosse, émail bleu et or sur le socle
Format: Haut. 49, larg. 23,5, prof. 16,5 cm
Numéro d'inventaire: AR 1443
Lien: Consulter l'objet sur le site de l'institution
Mentions obligatoires: Collection Musée Ariana, Ville de Genève
- Deonna, Waldemar, L'éducation d'Emile. Groupe allégorique par Jacques Argand, dans Genava, II, 1924, p. 342-378
- Hugger, Paul. Kind sein in der Schweiz. Eine Kulturgeschichte der frühen Jahre. Zürich, Offizin, 1998, p. 469
- Jaccard, Paul-André. La sculpture. Ars Helvetica VII. Arts et culture visuelle en Suisse, 1992, fig. 200
- Lapaire, Claude. Jean-Jacques Rousseau et les sculpteurs de Genève. Musées de Genève no. 302, 1990, p. 7, fig. 1
Genève, ville où l’on pense l’enfant est certainement un slogan adéquat lorsque l’on observe le nombre de pédagogues et d’institutions engagés en faveur de l’éducation. À commencer par Jean-Jacques Rousseau.