Koka Ramishvili évite l’écueil de l’allégorie de la peinture comme une fenêtre sur la réalité.
L’enfant représenté ici n’est ni plus ni moins qu’une image à laquelle l’artiste s’amuse à faire subir différentes transformations.
Le spectateur regarde mieux quand l’étrange fait irruption.
Koka Ramishvili est un artiste polymorphe. Il utilise tous les médiums à sa disposition avec une égale maîtrise, bien qu’il ait été formé dans sa Géorgie natale comme cinéaste.
Cette multiplication des stratégies apparaît comme un moyen de mieux cerner son sujet sous autant d’angles possibles : l’image, son statut, ses enjeux et sa portée dans le monde actuel.
Pour "Vermillon Extaze", c’est par le biais de la peinture que l’artiste aborde le portrait. A priori, quoi de plus banal qu’un portrait, a fortiori un portrait d’enfant ? Evitant le kitsch et le sentiment de déjà-vu, il distille un sentiment d’étrangeté grâce à un procédé d’éloignement très particulier : le garçon n’est pas représenté de face et ne regarde pas le spectateur. Il est en effet placé de biais, subissant une manipulation optique intitulée "anamorphose", de sorte que le spectateur se déplace pour tenter de reconstituer le visage.
L’artiste évite ainsi à la toile de se transformer en fenêtre, comme le veut une solide tradition picturale. Pour renforcer la mise à distance du spectateur, l’artiste reprend la couleur de la peau du garçon et vient la faire déteindre sur toute la surface de la toile : le sujet représenté et la toile viennent se confondre, la carnation du garçon se transforme en couche de fond.
L’artiste attire notre regard sur l’artificialité de toute représentation : ce visage d’enfant, aux yeux si bleus et aux vermillons si séduisants, n’est finalement qu’une image, susceptible d’être manipulée, déformée, distordue.
Type: Oeuvre
Matériaux: Huile sur toile
Date: 2006
Origine: Géorgie
Format: 55 x 45 cm
Numéro d'inventaire: 2009-013
Lien: Consulter l'objet sur le site de l'institution
Mentions obligatoires: Collection du Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)
Genève, ville où l’on pense l’enfant est certainement un slogan adéquat lorsque l’on observe le nombre de pédagogues et d’institutions engagés en faveur de l’éducation. À commencer par Jean-Jacques Rousseau.